Fire (POZAR)
©David Lynch Theaters

Réalisateur : David Lynch (Eraserhead, Twin Peaks, Dune)

Compositeur : Marek Lebrowski (Château Belvedere)

Animateur : Noriko Miyakawa (Inland Empire)

? Réalisation & Production : 2015

Sortie : 20 mai 2020 (Youtube)

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Synopsis : inconnu à ce jour

The whole point of our experiment was that I would say nothing about my intentions and Marek would interpret the visuals in his own way.

David Lynch

Connu pour ses films extravagants et complexes, David Lynch offre avec Fire une nouvelle facette de sa réalisation bien que ce film s’ancre parfaitement dans sa filmographie loufoque et intrigante.

Fire (POZAR)
©David Lynch Theaters

Fire est un court-métrage en noir & blanc qui nous permet de découvrir les talents de dessinateur de David Lynch. On retrouve ainsi des jeux d’ombres et de lumière qui caractérisent les ombres chinoises, avec ce mécanisme du mouvement manuel apportant une touche supplémentaire d’artisanat à une œuvre musicale captivante. En effet, Fire ne connait pas les dialogues, les bruitages, l’underscoring ou le mickeymousing… mais simplement un retour aux sources dans le cinéma noir & blanc et muet où la musique était aussi importante que l’image.

Véritable film sonore, Fire n’est pas sans rappeler le travail de Norman McLaren dans Begone Dull Care (Caprice en couleurs) en 1949 où les plans, également peints à la main (sur pellicule directe), et le rythme de la musique, ses variations sont en osmose, se complètent. Les deux œuvres partagent alors cet aspect artisanal et brut dont l’harmonie avec la musique captive le spectateur.

Fire (POZAR)
©David Lynch Theaters

Fire s’ouvre sur un théâtre à l’italienne, avec de grands rideaux, faisant comprendre au spectateur que ce film sera une représentation théâtrale fixe : on appelait cela le Théâtre des Conserves du temps de Marcel Pagnol. Ainsi, on se retrouve face à la scène pour ensuite y être plongé directement.

Depuis sa création, le théâtre est le reflet de la société, des individus et de leurs sentiments. En effet, comment évoquer le théâtre sans parler de la catharsis d’Aristote et de l’extériorisation de nos moindres pensées coupables ? Dans sa vision du théâtre, David Lynch a décidé d’y représenter l’esprit humain : une introspection au plus profond des états d’âmes et des réflexions humaines, pour ainsi provoquer cette catharsis tant convoitée des spectateurs.

Fire (POZAR)
©David Lynch Theaters

L’univers de David Lynch est connu pour être à la limite entre le vraisemblable et le fantastique, Fire n’en fait pas exception. L’ambiance étrange s’installe rapidement de par la lourdeur musicale, due à la musique de Marek Lebrowski mais également par le choix fort du noir & blanc. Ce rapport aux esprits, aux mythes, aux silhouettes pesantes et aux créatures abstraites accompagne toute la narration chaotique de ce court-métrage, mettant en scène la folie et le désespoir d’un être, jusqu’à sa perte. Une représentation du surmoi et de l’inconscient, de la pensée et de l’intériorité des êtres humains, souvent remplis de démons et de vices inavouables que nous cachons derrière des masques. C’est un thème de prédilection pour David Lynch. En effet, l’étrangeté intérieure est abordée dans Eraserhead, notamment au travers de la scène de décapitation où une tête de bébé apparait à la place de celle de Henry Spencer.

Fire (POZAR)
©David Lynch Theaters

Avec Fire, David Lynch veut représenter l’étrangeté et la folie qui brûlent l’esprit de chacun d’entre nous, parfois jusqu’à nous ronger de l’intérieur et nous anéantir. Ainsi, il accompagne le spectateur vers des sujets plus terre à terre mais tout aussi dévastateur qu’un incendie (pożar en polonais) tels que la dépression et le mal-être psychique renvoyant à l’idée d’un esprit qui se meurt et à la détresse que ce court-métrage dégage.

Fire (POZAR)
©David Lynch Theaters

I thought it was a very melancholic film in a certain sense and also very poetic.

Marek Lebrowski

Note

Note : 6.5 sur 10.

6,5/10

Fire est un court-métrage lourd de sens dans une société qui prend de plus en plus en considération les maladies mentales. David Lynch met en scène des malheurs et des mal-être qui sont difficiles à représenter, au travers de dessins, rappelant parfois les tests de Rorscharch, et d’une musique qui transportent le spectateur au plus profond de son soi intérieur.

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