Creed 2 (2019), film de boxe américain réalisé par Steven Caple Jr, avec Sylvester Stallone, Michael B. Jordan, Tessa Thompson, Dolph Lundgren…
Synopsis : Son titre de champion en poche, Adonis Creed, fils d’Apollo Creed, multiplie les matchs sans grand enjeu pour lui. Alors qu’il commence à se projeter dans sa vie de famille, des éléments du passé vont venir se rappeler à lui et l’obliger à devoir se confronter à un des plus grands défis qu’il eut à affronter…
Le premier Creed avait marqué les esprits à sa sortie en 2015. Ce projet ayant pour ambition de relancer la célèbre saga Rocky était porté par un jeune réalisateur afro-américain : Ryan Coogler, à la fois à la mise en scène mais également à l’écriture, ce qui fut une première : Sylvester Stallone ayant jusqu’alors été aux scénarios de tous les Rocky. Pour sa suite : Creed II, constituant alors le 8ème volet de la plus vieille saga encore en activité (depuis 1976, avant même Star Wars en 1977), Stallone est de retour à l’écriture alors que, Ryan Coogler, étant occupé par le tournage de Black Panther, recommande à la production le travail d’un jeune réalisateur de 31 ans encore inconnu au grand écran : Steven Caple JR.
Tout d’abord, si la réalisation de ce deuxième Creed constituait un grand défi pour le jeune metteur en scène (passant après la performance virtuose et très inspirée de Coogler pour le premier volet), le film ne dénote pas par cet aspect et propose un très beau rendu, avec un style et une esthétique lui étant propre. En effet, la mise en scène est moins “tape à l’oeil” et cherche à se placer au plus proche de ses personnages. Les matchs sont filmés de manière plus classique (champs/contre-champs) mais ne nous ont jamais autant impliqués que dans n’importe quel autre film Rocky. Le rendu est très dur, le sound design est excellent et chaque coup est ressenti comme si nous-même l’avions reçu. Les combats sont magnifiquement chorégraphiés et leur montage très bien rythmé, sublimé par la musique du dernier compositeur oscarisé : Ludwig Göransson (généralement affilié à Ryan Coogler, mélangeant un style hollywoodien classique à des instrumentales aux sonorités et rythmiques hip-hop) offrant au film une très grande énergie. En outre, beaucoup de plans offrent un rendu très esthétique, marqués par une photographie inspirée avec de nombreuses sources de lumières diégétiques.
Néanmoins, outre ses nombreuses qualités plastiques et stylistiques, le film comporte quelques longueurs entre les deux premiers tiers d’un scénario assez inégal. En effet, malgré l’ajout de quelques éléments très intéressants tels que la grossesse de Bianca ou même la conclusion du personnage de Rocky (étant susceptible de quand même revenir, suite aux déclarations de Stallone à Cannes), le métrage n’apporte pas grand chose de neuf et multiplie les redites avec certains éléments de l’intrigues des précédents films, notamment avec Rocky 3.
Cependant, le film marche tout de même très bien, porté par un Michael B. Jordan très investi dans son rôle et un Stallone toujours aussi touchant, la relation entre leurs deux personnages procurant toujours autant d’émotions. La séquence du « training montage » est sans doute l’une des plus réussie de la saga, tout comme la caractérisation et le développement des deux antagonistes Ivan et Victor Drago (l’élément de résolution par le jeter d’éponge apportant encore davantage de profondeur au personnage de Dolph Lundgren, davantage exploité que dans Rocky 4). Creed 2, à l’image de toute la saga Rocky, n’est donc pas un simple film de boxe testostéroné, comme peuvent ainsi le voir une grande partie de l’opinion publique étrangère au genre de la boxe au cinéma ainsi qu’au monde du sport en général, mais bien un film empli d’humanité traitant des épreuves de la vie et de notre devoir de les surmonter afin de se dépasser soi-même. Le propos est donc toujours aussi profond et le film demeure enfin très riche thématiquement malgré quelques problèmes liés à son écriture.
Avec le succès des récents films de réalisateurs afro-américains tels que Ryan Coogler, donc, Jordan Peele ou encore, ici, Steven Caple Jr, c’est une nouvelle vague qui semble s’imposer dans le paysage hollywoodien, portant des thèmes novateurs et arborant un style proche de la culture du hip-hop : un renouveau qui fait plaisir à voir.
7,5/10
Sans pour autant dépasser la performance de Ryan Coogler dans le premier film, Creed II parvient néanmoins à s’inscrire correctement dans la lignée des œuvres Rocky tout en y apportant son style et ses propres thématiques.