Sorti en 2022 sur Arte, The Fire Within (titre original) bénéficie d’une exploitation en salle dès le 18 décembre.
Katia et Maurice Kraft, deux volcanologues et cinéastes alsaciens, sont morts le 3 juin 1991. Ils laissent derrière eux des centaines d’heures de rush et des centaines de milliers de photographies, dont Werner Herzog s’empare pour leur rendre un vibrant hommage.
Un amour tripartite
Maurice aimait Katia, Katia aimait Maurice, ils aimaient ensemble les volcans. En assemblant de manière prodigieuse les archives du couple, Werner Herzog rend hommage aux deux scientifiques mais transpose également leur dévorante passion pour la volcanologie. Katia et Maurice filmaient les éruptions, les volcans, les camps de base, les rencontres, leurs équipes. Ils filmaient tout, toutes leurs péripéties, des coulées de lave jusqu’aux magnifiques détails qui les entouraient. Capturer l’instant, c’était capturer la beauté de la vie. Katia et Maurice Kraft, volcanologues sur le papier, étaient officieusement des ethnologues, des sociologues, des anthropologues. Ils n’étudiaient pas uniquement les volcans, sujets principaux de leurs déplacements, ils filmaient, documentaient les populations, leurs habitations, les catastrophes liées aux éruptions. Ils avaient le don de tout documenter, de s’intéresser au monde les entourant. Herzog dépeint des êtres simples, épris de la vie et de leur passion commune.
Herzog et Ernst Reijseger, des chefs d’orchestre hors pairs
L’une des forces du film réside dans la musique qui l’accompagne. Werner Herzog, voix off, guide les spectateurs et relate la vie de ce couple atypique. Ernst Reijseger, compositeur de la musique du film, épouse les images du couple par une merveilleuse composition. Le film quasi muet, pendant plusieurs séquences longues de quelques minutes, est sublimé par le talent du compositeur néerlandais. La musique a été pensée pour ne faire qu’un avec les archives. La musique porte les images et les images donnent le rythme au film. Cette interconnexion permet de magnifier le produit fini.
Vivre avant de mourir
“J’ai vu tellement d’éruptions en vingt trois ans, que si je meurs demain, ça m’est égal ”. En prononçant cette phrase, Maurice Kraft expose le point de vue du couple. Leur passion les rend vivants. Ils ont pleinement conscience de l’omniprésence de la mort. Ils côtoient la mort durant toute leur vie, les archives mettent en avant ce rapport ambigu. Sans crainte mais sans provocation, ils savent que le feu qui les anime est également celui qui peut les éteindre. C’est ainsi qu’ils décident de vivre et d’approcher leur passion.
Avec un documentaire à l’esthétique époustouflante, Werner Herzog insuffle beaucoup d’émotions en rendant un hommage retentissant à deux figures atypiques, un couple extraordinaire.
Au cœur des volcans : Requiem pour Katia et Maurice Krafft en salles depuis ce mercredi.
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