Le film ‘Arthur, malédiction’ est vendu au public comme étant un film d’épouvante/horreur. Cependant, après visionnage du long-métrage réalisé par Barthélemy Grossmann, avec Luc Besson au scénario, le spectateur peut partager un tout autre constat. En effet, ce dernier se retrouve face à un film débordant de moments plus hilarants les uns que les autres. Retour sur 87 minutes de rigolade assurée.
Réalisateur : Barthélemy Grossmann
Casting : Mathieu Berger, Thalia Besson, Mikaël Halimi, Lola Andreoni, Yann Mendy…
Genre : Épouvante-Horreur
Sortie : 29 juin 2022
Synopsis : Alex, jeune homme venant tout juste de fêter ses 18 ans, est un fan inconditionnel des films ‘Arthur et les Minimoys’ depuis sa plus tendre enfance. Pour sa majorité, son groupe d’amis lui fait le cadeau de l’emmener visiter la maison utilisée pour le tournage des films, désormais à l’abandon. Cependant, les habitants des alentours se trouvent être particulièrement étranges, et de curieux événements commencent à se produire autour du groupe d’amis. Le rêve d’Alex vire alors rapidement au cauchemar…
Difficile pour un enfant ayant grandi en France dans les années 2000 de passer à côté du succès retentissant du film ‘Arthur et les Minimoys’, réalisé en 2006 par le célèbre Luc Besson. Il relate les aventures du jeune Arthur, entrant dans le monde fantastique des Minimoys pour chercher un trésor laissé par son grand-père Archibald disparu depuis des années. Dans la quête de ce trésor, il sera opposé à Maltazard, grand méchant du film, et sera aidé par la princesse Sélénia, dont il tombera amoureux, ainsi que par son frère Bétamèche. Ce film avoisine les 6 400 000 entrées en France, et reste 9 semaines à l’affiche. Il connaît aussi un certain succès du côté des Etats-Unis et du Canada, avec 15 millions de dollars de recettes et restant 8 semaines à l’affiche des cinémas. Suite à cette réussite, deux autres opus voient le jour : ‘Arthur et la Vengeance de Maltazard’ (2009) et ‘Arthur 3 : La Guerre des deux mondes’ (2010). D’autres éléments dérivés voient également le jour, comme des jeux-vidéos sur PSP, DS et Gameboy, et la franchise a même le droit à ses attractions au Futuroscope. En bref, c’est un succès assez évident auprès du public.
Il était alors très audacieux et original de la part de Barthélémy Grossmann (ayant réalisé des films aux critiques assez moyennes comme ‘13 m²’ ou ‘Verso’) et de Luc Besson de briser les codes de la saga originelle, ayant bercé l’enfance de beaucoup de spectateurs, et de la transformer en un film d’épouvante. Alors, quel est le verdict ? Disons qu’à défaut de remplir son rôle de film d’horreur, ‘Arthur, malédiction’ a le mérite de décrocher quelques fous rires.
Un film tout en subtilité
Le premier point qu’il est possible de soulever lors du visionnage du long-métrage est l’incroyable subtilité dont il fait preuve quant à son matériau de base, à savoir, la franchise ‘Arthur et les Minimoys’. En effet, il nous est dépeint sans une once d’exagération le portrait très réaliste du jeune Alex, fan hardcore des Minimoys depuis son enfance. Quoi de plus normal, du haut de ses dix-huit ans, de se déguiser en Arthur pour sa fête d’anniversaire, d’avoir de gigantesques posters des films dans sa chambre et dans son appartement, des étagères remplies de figurines des héros de la franchise, et d’avoir des goodies présents jusque dans les moindres recoins des pièces de son habitation, comme une magnifique tête d’Arthur posée sur un fauteuil lors de l’une des scènes du début. Les amis du protagoniste, pour son anniversaire, vont même jusqu’à lui offrir quasi exclusivement des cadeaux en rapport avec les Minimoys, avant de s’installer devant la télé pour regarder tous ensemble les films de la saga.
Force est de constater qu’Alex et ses amis n’ont pas l’air d’avoir changé depuis leur enfance, car un flashback nous est montré au début du film dans lequel tous les protagonistes, alors enfants, regardaient d’ores et déjà les Minimoys. C’est donc avec une tristesse non dissimulée que l’on se rend compte que Alex n’a jamais évolué, et n’a aucune réelle personnalité en dehors du fait d’être un fan de films pour enfants. Même chose pour ses amis, qui n’ont aucune identité propre à part être ses amis et sont tellement marquants que l’on ne retient aucun prénom après avoir pourtant passé une heure trente en leur compagnie. C’est à se demander si leur nom a déjà été mentionné, ou s’ils étaient tellement intéressants qu’on a tout simplement pas pris la peine de s’embêter avec ce détail. C’est donc avec une douceur extrême et sans forcer que le film nous plante le décor : le personnage principal est fan des Minimoys et le film va tourner autour de cet univers. Vous l’aviez deviné ? Alors félicitations, car c’était si subtil qu’on aurait presque pu le louper.
Pour pointer cela du doigt de nouveau, il est également possible de souligner la richesse de leur discussion entre amis. Tous ces personnages ont l’air assurément de partager une forte amitié, car en dehors de sujets de conversation passionnants tels que ‘mais qui a mangé tout le contenu de la glacière et qui va donc aller faire les courses ?’, on a le droit à encore plus de discussions sur les Minimoys alors que les personnages visitent la maison du tournage et tentent de se rappeler avec exactitude quelle partie de l’habitation correspond à telle scène du film. En définitive, les personnages n’ont pas de réelle personnalité, de réelles passions, envies ou motivations, comme le montrent les splendides dialogues du film aussi profonds que la fosse des Mariannes. On ne sait rien d’eux à part le fait, encore une fois, qu’ils sont les amis d’un fan d’Arthur. En fin de compte, ‘Arthur, Malédiction’ est une douce expérience qui nous donne l’impression que quelqu’un nous saisit fermement par le col en nous hurlant au visage pendant une heure et demie que le film parle de ‘Arthur et les Minimoys’ (on vous l’avait déjà dit, d’ailleurs ?).
Une bande d’amis très soudée
Des idées originales et innovatrices dans le genre de l’horreur
Afin de poursuivre l’analyse de ce chef-d’œuvre, il est possible d’évoquer tous les éléments utilisés dans une tentative de faire frissonner le spectateur et de lui proposer un film d’horreur digne de ce nom. On n’échappe évidemment pas aux classiques jumpscares, ressort horrifique très original et qui témoigne de la qualité du long-métrage en termes d’horreur… Sans ironie aucune cette fois-ci, les quelques jumpscares au début du film sont en fait les seuls moments où le film parvient à nous faire sursauter, et sont donc assez efficaces. Cependant, ça s’arrête là. Pendant le reste du film, rien d’autre ne saura donner l’impression et la confirmation au spectateur qu’il est bel est bien en train de regarder un film d’épouvante, et non pas un gigantesque sketch, ou un téléfilm à la qualité douteuse diffusé après le journal de treize heures à la télévision. On y retrouve tous les éléments qui nous font penser devant un film d’horreur, ‘eh bien ça alors, qu’est ce que c’est original, on ne s’y attendait pas !’ : les personnages qui s’absentent seuls ou à deux pendant un moment et qui sont retrouvés morts ou gravement blessés ; un personnage qui meurt coincé dans un endroit à deux mètres de ses amis alors qu’il hurlait à pleins poumons ; le groupe qui se sépare continuellement alors qu’ils savent courir un grand danger…
Il y a aussi, bien sûr, le personnage principal qui fait un cauchemar en noir et blanc avec des images très subliminales ou coupées rapidement alors qu’il s’agite dans son sommeil, une musique angoissante déjà entendue dans des milliers de films dans un décor sombre avec de la fausse fumée ridicule repérable à des kilomètres, une personne menaçante qui apparait brièvement dans le champ de la caméra en passant à toute vitesse… En bref, que d’originalité ! Même l’explication de fin sur le pourquoi du comment des événements étranges est d’un ridicule abject, en plus d’être du vu et revu de beaucoup de films du même genre, encore une fois. Le tout est expédié en quelques minutes avant de voir défiler le générique de fin sous nos yeux ébahis et pleins d’incompréhension. Chaque événement censé impressionner, choquer ou effrayer le spectateur est si cliché et attendu qu’il parvient seulement à lui faire lever les yeux au ciel ou à ricaner devant tant de ridicule.
Au final, on réalise avec surprise pendant le visionnage qu’on est peut être en train de passer un bon moment, et que ce n’est pas si mal quand on y réfléchit. On ne perd pas notre temps, puisqu’il y a tellement de choses ridicules dont on peut rire ! Le film d’horreur médiocre se transforme alors en une comédie pas si mauvaise. Et ça, c’est beau.
Un film d’horreur qui se transforme en un grand moment de comédie
Des prouesses techniques et des acteurs toujours justes interprétant des personnages captivants
Au-delà du scénario plus que discutable et des ressorts d’horreur qui échouent assez lamentablement, on se rend vite compte que rien n’est à sauver dans ce film, car tout l’aspect technique -le montage, le son, et autres- est aussi qualitatif que le reste. La bande originale présente des musiques aux sonorités très pop pour illustrer certains moments de complicité entre les personnages, ce qui, encore une fois, nous fait nous questionner si l’on est véritablement en présence d’un film réalisé par quelqu’un de compétent, ou si l’on est en train de visionner un long-métrage de fiction réalisé par des lycéens en spécialité cinéma-audiovisuel. Certains effets de montage, comme des noirs et blancs, ou autres ralentis ou flashs aux goûts très douteux renforce cette idée et donne une image très amateur à l’ensemble.
On peut aussi parler d’un montage très saccadé, très étrange, avec des éléments qui apparaissent et disparaissent entre chaque plan. Cependant, au vu des accusations qui se font entendre sur internet depuis quelques jours aux sujets d’étudiants exploités sur le tournage, il semblerait que ça ne soit pas qu’une simple impression. Alors, bravo à eux pour le travail apporté malgré les conditions de travail compliquées, qui rend tous les défauts du film déjà plus acceptables (mais qui n’excusent cependant toujours pas le scénario médiocre.. ah, on me dit en plus qu’il aurait été plagié sur un autre étudiant en cinéma.. décidément, que de belles choses dans et autour de ce film).
Pour parler un peu jeu d’acteur, ces derniers se débrouillent étonnamment assez bien, sauf dans les moments cruciaux, comme pendant les scènes de panique et d’horreur (qui sont donc les plus importantes pour ce genre de films.. c’est bête). Cela renforce donc encore plus cette impression de regarder une comédie, voire même une parodie de film d’épouvante, et nous empêche de prendre tout cela au sérieux.
L’aspect parodique est d’autant plus présent de par la nature des personnages, qui sont tout bonnement et simplement un bon gros ramassis de clichés (pour changer) : le perso principal sympa que tout le monde aime, l’intello à lunettes tête à claques dont tout le monde prend un malin plaisir à se moquer et à tourmenter, la jolie fille qui ne sert qu’à être la copine du héros, l’ami débrouillard qui a toujours des solutions, les deux pitres de la bande, la fille qui ne sert littéralement à rien à part mourir plus tard dans le film… En parlant de mort, les décès de tous leurs amis ne semblent pas impacter les personnages plus que ça. Après être perturbés pendant quelques secondes, les personnages encore en vie passent tout de suite à autre chose et partent accomplir une autre tâche ou aider quelqu’un d’autre, laissant les corps de feu leurs amis sur les lieux du crime sans plus s’attarder dessus. Leur cruel manque d’empathie et de réaction face à la mort nous fait réellement nous questionner sur leur état. Est-ce que ces gens vont bien ?
Certaines morts ne sont même pas relevés par les personnages, ils n’en parlent tout simplement pas, ou ils en parlent très brièvement (les toutes dernières morts du film). Tout cela donne une énorme impression de vide et de je-m’en-foutisme : le réalisateur n’en a rien à faire de son film, les acteurs pas vraiment non plus, le spectateur se fiche complètement de ce qui peut arriver aux personnages… Tout le monde s’en fiche.
De grands (ou pas) moments de tension
En définitive, ‘Arthur, malédiction’ est un film dont il est possible d’apprécier le visionnage si on le prend pour ce qu’il est véritablement : un titanesque nanar à regarder entre amis pour bien se marrer, que ça soit chez soi ou en salles. En tout cas, il faut l’admettre et le souligner, le film et le projet en globalité est un gigantesque naufrage qui n’a rien à envier à celui du Titanic. Messieurs Grossmann et Besson : merci pour ce magnifique moment. ♥