? Réalisateur : Katsuhiro Otomo
? Scénario : Katsuhiro Otomo et Izo Hashimoto
? Genre : Animation, science-fiction cyberpunk
? Pays : Japon
? Sortie : 16 Juillet 1988 (Japon) ; 8 Mai 1991 (France)
Synopsis : Tetsuo, un adolescent ayant vécu une enfance difficile, est la victime d’expériences visant à développer les capacités psychiques qui dorment en chacun de nous. Ainsi doté d’une puissance que lui meme ne peut imaginer, Tetsuo décide de partir en guerre contre le monde qui l’a opprimé. Dès lors, Il se retrouve au cœur d’une légende populaire qui annonce le retour prochain d’Akira, un enfant aux pouvoirs extra-ordinaires censé délivrer Tokyo du chaos…
Akira. Un seul mot suffit pour évoquer d’innombrables choses. C’est avant tout l’histoire d’un manga que Katsuhiro Otomo débute en 1982. On lui propose alors, étant donné sa popularité grandissante au Japon, d’adapter son oeuvre sur grand écran malgré le fait qu’elle soit loin d’être terminée. Akira s’inscrit dans le genre du « seinen« . C’est à dire un manga pour adulte avec des thèmes complexes et politiques. C’est ce type de lecteurs qu’Otomo a toujours visé. Malgré des éditeurs friands des oeuvres tout public, Otomo reste sur ses positions. Dans les années 80 l’animation japonaise est en plein essor. Akira a bénéficié de cet essor et est devenu légendaire. Difficile de le caractériser tant il est unique. Néanmoins il s’inscrit dans le type d’animation de science-fiction cyberpunk. Le terme cyberpunk, fortement popularisé par les ouvrages de Philipp K.Dick, définit un futur proche post-apocalyptique. On peut qualifier une oeuvre de « cyberpunk » lorsque l’avenir est présenté d’une façon pessimiste. « Matrix » ou « Blade Runner » s’inscrivent dans ce registre pur n’en citer que deux.
Présent dans les salles françaises en version restaurée 4K, il est indispensable de revenir sur cette oeuvre légendaire. Le mot n’est pas exagéré en effet c’est toute une génération qu’elle a marqué. Il est important de notifier qu’Akira disposait, à l’époque, du plus gros budget pour un film d’animation. Pas moins de 10 millions d’euros ont été déboursé par les sociétés de productions afin de mettre sur pied le plus gros projet de l’histoire de l’animation japonaise. Le film n’a pas vieillit. Les images sont d’une qualité exorbitante. Le voir en version restaurée 4K est une experience inoubliable pour les spectateurs. Une certaine pureté se dégage des couleurs et des effets spéciaux. A ce stade, on pourrait le qualifier d’oeuvre cinématographique. Dans un premier temps l’influence qu’a eu Akira sur la culture populaire mondiale est inégalable. Les références faites au film dans le hip-hop sont incalculables et de nombreux cinéastes se sont inspirés et s’inspirent encore du joyaux de Katsuhiro Otomo.
Akira est d’autant plus marquant par la forme que par le fond. Un monde post-apocalyptique inquiétant est mis en scène. Les deux protagonistes principaux, Kaneda et Tetsuo, font partie d’une bande de motards qui n’est pas sans nous rappeler celle de Brando dans « L’équipée sauvage« . Tetsuo est un des plus jeunes de la bande. Otomo nous le définit immédiatement comme un enfant torturé, complexé par son manque de confiance en soi. Il envie Kaneda, sa moto, ses qualités de conducteur et sa prestance. Akira est un long-métrage universelle, son influence le montre. Néanmoins c’est sans conteste l’oeuvre la plus personnelle et la plus japonaise d’Otomo. Le monde dans lequel les protagonistes prennent place est le pire cauchemar des japonais. Ce monde illustre la japon d’après-guerre. Une période sombre et noir difficile à surmonter pour les japonais. Un monde chaotique gangréné par la violence et les inégalités. L’aspect politique que les révolutionnaires représentent dans le récit est en réalité une illustration de la montée du communisme au Japon dans les années 70. Cependant l’aspect politique n’est pas spécialement approfondie dans l’adaptation, contrairement au manga. Otomo prime sur la fiction et la philosophie pour nourrir le film. Le film est marquant de par la violence qui est mise en scène. Une violence permanente. Les armes chantent à tue-tête, sans s’arrêter. Un film effrayant sur de nombreux points.
Ce n’est pas une tâche aisé de trouver l’aspect « humain » du film. Pourtant il est bien présent. C’est même le coeur de l’oeuvre. Dans un monde ou la puissance « divine » est crainte de tous, c’est en réalité l’humain le plus dangereux. L’ambition débordante qui les mène à leur perte est illustrée ici par le scientifique qui découvre le fort potentiel de Tetsuo. La cupidité est également dénoncé via le politicien qui fournit des informations au révolutionnaire, cela le mènera à sa perte. Le plus sage est Tetsuo. Il souhaite simplement exister et pourtant il subit plus durement que d’autres les conséquences des vices de l’humain. Une injustice. La colère le guide. Elle alimente le film. Les douze politiciens qui gouvernent Néo-Tokyo sont douze hommes en colère.
Note :
9/10
Difficile de parler d’Akira sans oublier de nombreux points tant l’oeuvre est complexe. C’est cette complexité et les questions qu’elle pose qui en font sa force. Son influence est incalculable elle a marqué et continue de marqué les domaines artistiques. Le film est effrayant certes, mais le visionnage sur grand écran est une expérience inoubliable pour chaque spectateur. C’est le monstre sacré de l’animation japonaise.