Après quatre ans de discrétion, l’hiver 2025 a marqué le grand retour d’Edgar Wright, un réalisateur qui a su, au fil du temps, se forger une solide réputation et réunir des fans impatients de retrouver son cinéma si reconnaissable : à la fois pop, drôle et survolté. Que vaut cette nouvelle adaptation de Stephen King, et comment Edgar Wright a-t-il su s’approprier ce Running Man ?

Un sprint efficace

Le choix de confier cette adaptation à Edgar Wright n’est pas si étonnant, beaucoup d’éléments semblent tout droit sortis de son identité cinématographique : récit en flux tendu, caméra constamment en mouvement, course contre la montre qui ne semble jamais vouloir s’arrêter. La team de PelliCulte comprend donc aisément son intérêt pour ce remake du livre du grand Stephen King. Le résultat est divertissant, sans aucun temps mort, et parvient même à dire ce qu’il a envie de dire de manière efficace. 

Le Running Man a commencé, Glen Powell se déguise
Glen Powell, un héros caméléon, le running man © Genre Films

Ce qui est toujours agréable lorsqu’on assiste à un film d’Edgar Wright, c’est d’avoir l’impression de retourner jouer avec lui dans un bac à sable, où il utilise chaque outil à sa disposition pour nous concocter une mise en scène aux petits oignons. Parler « d’expérimentations » serait un peu exagéré, mais son effort d’immersion fait mouche. Tout est travaillé pour procurer un maximum de dynamisme au spectateur, qui comprend dès les premières minutes qu’il fait face à un film jouissif et très bien équilibré dans son rythme, sans jamais faiblir. Sans oublier cette troupe d’acteurs émergents (Colman Domingo en tête) qui confirment leur talent, tout en sacrant Glen Powell nouveau héros d’action des temps modernes.

Un Running Man un poil trop sage

Mais bizarrement, on ne sourit pas tant devant ce Running Man, pourtant clairement vendu comme une comédie d’action comme seul Edgar Wright sait les faire. Ici, il ne sait pas vraiment où se placer en termes d’humour, et livre un film finalement assez sérieux, ponctué de digressions amusantes mais jamais réellement percutantes. Une étrange sensation parcourt le film : celle d’un cinéaste qui marche sur des œufs au niveau des curseurs, comme s’il avait eu peur de ridiculiser les enjeux de son récit et de faire décrocher le spectateur. 

Pire encore, Wright utilise un dispositif bien trop facile, vu et revu, parfois même à la limite du grotesque lorsqu’il s’agit de représenter l’attachement du personnage à sa famille, élément censé le motiver dans sa survie. Ce genre de petites facilités trahit un cinéaste devenu sage, voire presque un peu peureux. L’exemple le plus frappant est un climax beaucoup trop rapide, qui bâcle toute la montée en puissance dramatique patiemment construite auparavant. Le récit va même jusqu’à recourir à un deus ex machina pour sa conclusion… décevant. 

Ce Running Man court justement tellement vite qu’il finit par brûler sa fin, représentant une révolution de la classe populaire dans une sorte d’ellipse / montage alterné assez étrange. Le générique apparaît, et l’on se surprend à penser : Tout ça pour ça ?

La team de chasseurs censée tuer le Running Man
La patrouille des chasseurs des Running Man, clairement sous-exploitée © Genre Films

Malgré un film divertissant et efficace, Edgar Wright semble s’être assagi, livrant ici un Running Man un peu trop standardisé, sans doute écrasé par une machine hollywoodienne un peu trop lourde pour lui. Il ferait peut-être mieux de retourner vers le genre horrifique, comme il l’avait brillamment fait avec Last Night in Soho, passionnante proposition de cinéma qui conservait toute la richesse et la singularité de son style.

Running man réalisé par Edgar Wright est actuellement en salle, sorti le 19 novembre 2025.

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