Sixième jour de festival, la fatigue se fait ressentir. Surtout quand on se fait réveiller à 3h30 du matin par nos voisins bruyants qui rentrent de soirée en claquant la porte. On nous a parlé d’un film malickien projeté à 10h, j’espère qu’il ne le sera pas trop…sinon, on va se faire avoir ! Presque heureux qu’il n’y ait que trois films de projetés aujourd’hui à Deauville, on va avoir le temps de souffler.
les damnés (compétition)
Roberto Minervini, le réalisateur, détient le record de la descente des marches du Centre International de Deauville en allant de son siège à la scène, sans même laisser le groupe Deluxe entamer le premier couplet. Remarquable. Il présente son film en disant que les films de guerre ne devraient jamais la glorifier et qu’il est inacceptable de faire du spectacle avec des actes aussi horribles. Il a raison, déjà en avance sur The Strangers’ Case ou The School Duel.
Son film est à cet image. À hauteur d’homme, sans réel but excepté celui de survivre et de comprendre. Tout sensationnel est coupé par le montage et la musique planante, permettant au film de puiser dans les codes du documentaire (d’où vient le réalisateur à l’origine). On pourrait dire qu’on se retrouve dans un entre-deux, entre vrai et faux, docu et fiction, dans une mollesse un peu paresseuse. Ou alors, on peut dire que c’est hypnotique. Très exigeant, sûrement difficile pour lui de gagner quoi que ce soit.
En passant devant le Royal pendant la pause, on recroise William Catlett, l’acteur principal de Color Book. Hier soir, nous avons pu échanger quelques mots avec lui pour lui dire à quel point on avait aimé son film. On a aussi pu croiser le réalisateur David Fortune. Reconnaissant. Sa poignée de main est très ferme.
In the summers (Compétition)
Assez difficile à cerner. Le film est découpé en 4 parties de même longueur et nous, spectateurs, habitués aux 3 temps omniprésents de notre quotidien, nous réagissons au film dans une sorte de syncope désaccordée, jamais vraiment en rythme. Tempo mollasson, tension basse. La première partie est la meilleure, avant que ça ne soit de moins en moins bien. L’une des deux sœurs (personnage principal) en vient même à disparaître. Le dernier quart aurait dû être un tiers, la structure aurait dû être revue. Ça sera vite oublié, mais un peu comme tous les films de cette compétition, ça peut gagner quelque chose.
Énorme averse, on est bloqué au bar devant la mer avec un chocolat chaud (une équipe de tournage range rapidement son matériel étalé sur les planches), puis l’on va chercher notre place pour ce soir : Mikey Madison, Michelle Williams, Sean Baker et Palme d’Or !
Anora (L'heure de la Croisette)
Francis Ford Coppola s’est glissé dans la salle sans passer par le tapis rouge, juste avant que les lumières ne s’éteignent. Même s’il présente son Megalopolis demain soir, nous avons vu un film avec Coppola père. C’est déjà pas mal. Et quel film !
Anora de Sean Baker, remake blindé, plus drôle mais moins touchant de Tangerine. Le film qui, pour la première fois, est capable d’unir le Centre International Deauville. C’est du Sean Baker, donc oui : c’est le bordel. Ça filme dans tous les sens, ça hurle, c’est hilarant et toujours très efficace. Là-dessus, rien à redire. On ne pourrait presque que lui reprocher le regard très masculin beaucoup présent dans le premier tiers. Et même si ce n’est pas trop un problème en soi (pas ici en tout cas), le réalisateur aurait pu être plus pointilleux, surtout en faisant un film sur une femme comme Anora.
On s’est quand même dit que le grand cru de l’année dernière est bien derrière nous et que si un film comme ça pouvait gagner une Palme d’Or, c’est que le reste ne devait vraiment pas en valoir la peine. On repense encore à la sélection de Cannes en 2023, alignant La Zone d’Intérêt, Anatomie d’une Chute, La Passion de Dodin Bouffant, May December, Perfect Days, Les Feuilles Mortes, Monster et j’en passe…
Mattéo a également fait un retour de ce film, à Cannes, que vous pouvez lire ici !
Demain, dernier jour de compétition avec les deux films dans lesquels nous avons placé TOUS nos espoirs : Daddio avec Dakota Jonhson et Sean Penn, ainsi que La Cocina avec Rooney Mara. On croise les doigts pour une dernière journée salvatrice, après avoir affronté aujourd’hui la dernière averse du festival de Deauville.
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