Il y a un problème avec le mauvais temps dans les festivals de cinéma. On a beau s’enfermer dans une salle pendant huit heures dans la journée, la pluie trouve toujours un moyen de rentrer. À Deauville, les tapis bleus et rouges que l’on foule se gorgent d’eau. Eau que nos chaussures récupèrent dans des couinements désormais incessants…C’est la moquette de la salle qui en paye les frais, noyée sous les pas des gens qui cherchent leur place ainsi que par l’égouttement des parapluies entre les jambes des spectateurs. Nos tenues de festivaliers se détériorent, les semelles s’ouvrent et s’aèrent, nos pulls s’humidifient et nos chaussettes se refroidissent. Alors, on espère voir les films les plus chaleureux du monde…

Gazer (Compétition)

Le premier film en scope de la compétition (youpi !). Filmé en 16mm sur deux ans et demi, Gazer pourrait s’apparenter aux débuts de Nolan, De Palma, Aronofsky ou même Coppola père. C’est une mosaïque d’influences évidentes qui nous font plaisir en tant que cinéphiles, mais qui rendent donc le film assez impersonnel (on retrouve même du Chantal Akerman au début, c’est dingue !), malgré son efficacité redoutable. Bien évidemment, ce fonctionnement a sa propre limite, et quand Ryan J. Sloan inclut des scènes de cauchemars tout droit sorties d’un film de David Lynch, on sort du thriller boueux et granulé dans lequel on était absorbé. Bien trop peu applaudi, les spectateurs de la semaine ne sont pas aussi sympas – ce qui est confirmé une heure plus tard, par la projection suivante. 

Ariella Mastroianni dans Gazer © UFO Distribution
Ariella Mastroianni dans Gazer © UFO Distribution

Color Book (Compétition)

C’est celui-là qui doit tout gagner. C’est lui le meilleur, pas seulement de cette année, mais peut-être de toutes les années d’avant à Deauville. La musique fait pleurer, dès la première scène. « Ce qui compte ce n’est pas la destination, c’est le voyage ». Ainsi, toutes les facilités et incohérences de scénario nous passent dessus sans nous déstabiliser. Pourquoi ? Parce que le réel sujet du film, c’est voir un père et son fils. Peu importe le comment du pourquoi. C’est celui-là qui doit tout gagner.

La journée est plus courte aujourd’hui, à Deauville. Il n’y a plus que le film de Paolo Sorrentino avant une vraie soirée et un peu de temps pour se reposer (oui, on fait l’impasse sur All We Imagine as Light, Grand Prix du Festival de Cannes cette année, ce soir).

William Catlett et Jeremiah Alexander Daniels dans Color Book © Color Book LLC.
William Catlett et Jeremiah Alexander Daniels dans Color Book © Color Book LLC.

Parthenope (L'heure de la Croisette)

C’est un Sorrentino ; donc avec des gens qui déambulent à travers Naples en se posant des questions. Celui-ci est peut-être un peu plus léger car drôle et poignant, car la musique est vraiment prenante. Difficile pour les fans de Sorrentino de ne pas aimer, difficile pour ceux qui détestent de ne pas détester. Celeste Dalla Porta est radieuse, que dis-je…c’est une divinité, qu’on aimerait présenter à tous les directeurs de casting du monde.

Vous pouvez par ailleurs découvrir la critique cannoise de Mattéo (également réceptif à ce nouveau film de l’auteur italien) juste ici !

L’hommage à Frederick Wiseman et All We Imagine as Light nous passent ainsi sous le nez. Pour le meilleur ou pour le pire. On entend des murmures aux alentours du Normandy ; « magnifique film« …puis on va se coucher tôt. Il faut être en forme pour la journée de demain, durant laquelle on va retrouver Daisy Ridley, interprète de Rey dans la dernière trilogie Star Wars.

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