Y a-t-il acteur ayant plus marqué le cinéma hollywoodien du XXe siècle que Marlon Brando ? Repéré dès ses débuts dans The Men, il travaillera ensuite avec les plus grands : Elia Kazan, Francis Ford Coppola, Sidney Lumet…. pour des performances toutes plus marquantes les unes que les autres. Réputé pour son caractère difficile, il reste pourtant aujourd’hui considéré comme l’un des meilleurs acteurs de tous les temps, ayant inspiré les plus grands, de James Dean à Dustin Hoffmann ou Robert De Niro. A l’aube du treizième anniversaire de sa mort, il est donc temps pour Thomas de vous livrer son top 5 des performances de Marlon Brando !
Mentions spéciales : Reflets dans un œil d’or, L’Équipée Sauvage, Le Dernier tango à Paris, Sur Les Quais, Viva Zapata
N°5 : Jules César (Joseph L. Mankiewicz, 1953)
A l’aube de sa riche carrière, le jeune Marlon fait face à l’un de ses plus grands défis : l’adaptation d’une pièce shakespearienne, en l’occurrence ici Jules César. C’est un défi qu’il relève pour sa mère, elle aussi actrice, qui lui martèle qu’il ne peut se considérer comme un véritable acteur tant qu’il n’a pas été un personnage shakespearien. Il doit en outre faire face à la crème de la crème des acteurs shakespeariens de l’époque que représentent entre autres James Mason et John Gielgud. Lui, le petit gars du Nebraska, face aux meilleurs acteurs anglais de l’époque, doit apprendre à jouer du Shakespeare. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il remporte le défi haut la main, volant complètement la vedette (notamment lors d’un discours devant la foule romaine resté mémorable). Le public est conquis, impressionné par le changement de registre réussi d’un jeune acteur plein de promesses. Une première victoire pour Marlon Brando.
N°4 : L’Homme à la peau de serpent (Sidney Lumet, 1960)
Comment mieux mettre en valeur le talent de Marlon Brando qu’en lui servant sur un plateau les dialogues ciselés dont est capable le grand Sidney Lumet ? Adapté d’une oeuvre de Tennessee Williams, il observe le fonctionnement d’un groupe et comment celui-ci peut pousser les « outcasts » à revenir dans le rang sous peine d’exclusion. Brando, avec sa présence naturelle et son jeu écorché, confère à ce personnage mélomane une aura mythique et en même temps tragique dans tout ce que la société lui refuse d’être. Tantôt touchant, tantôt tourmenté, Brando donne ici une de ses meilleures performances avec ce personnage qui, comme le dit Sidney Lumet, cherche à « préserver ce qu’il y a de sensible, dans le monde et en lui-même ». Je retiendrais un monologue (encore une fois) d’une puissance lyrique incroyable. L’une des performances d’acteur les plus pures de Marlon Brando.
N°3 : Le Parrain, 1ère partie (Francis Ford Coppola, 1972)
Que dire qui n’ait pas déjà été dit sur sa performance en tant que Vito Corleone ? Tout simplement le retour du roi sur son trône. La renaissance cinématographique d’un homme qu’on croyait perdu pour le Septième Art et qui prouve toute la multiplicité de son talent. Engagé à fond dans ce rôle, c’est lui notamment qui aura l’idée des boules de coton dans les joues pour conférer au personnage un air de bouledogue, menaçant. Il illumine chaque scène de sa classe et de sa prestance, collant parfaitement au ton du film et à son personnage. Une des performances les plus mémorables de l’histoire du cinéma, qu’il m’est inutile d’essayer de vous représenter tant elle est gigantesque. Et pourtant, nous n’en sommes qu’à la troisième place !
N°2 :Un Tramway Nommé Désir (Elia Kazan, 1951)
Tout d’abord, il livre à mon sens la meilleure première apparition de l’histoire du cinéma. La musique colle parfaitement à l’ambiance de la scène, et le charisme animal de l’acteur fait le reste. Marlon n’a probablement jamais été aussi touchant, autant à fleur de peau que dans ce rôle pourtant assez détestable de Stanley Kowalski (de l’aveu même de l’acteur). L’ayant précédemment interprété à Broadway, il l’incarne ici à l’écran sous la direction d’Elia Kazan, pour une de leurs nombreuses et fructueuses collaborations. Le charisme et l’animalité de Marlon Brando transpirent de toutes ses scènes, sans jamais donner l’impression de jouer, simplement d’être le personnage. Entre lui et Vivian Leigh, on voit très vite la différence entre celle qui joue, et celui qui ne joue pas. S’il sait se montrer animal, il développe également dans certaines scènes (notamment le « Hey Steellaaaaa ! ») une sensibilité épatante et réellement touchante, de laquelle on ne parvient toujours pas à discerner l’acteur du personnage. Une des plus grandes performances de l’histoire du cinéma
N°1 : Apocalypse Now (Francis Ford Coppola, 1979)
Je ne sais que trop peu toutes les polémiques qui ont entouré sa présence dans le film. Salaire mirobolant, non-respect des demandes du réalisateur Francis Ford Coppola… Je peux sans problème dire qu’il a été un véritable enflure sur le tournage. Mais avant tout, je n’oublie pas sa performance. Je n’oublie pas tous les frissons qui m’ont parcouru la première fois qu’il m’est apparu, plongé dans une semi-obscurité par une merveilleuse idée de mise en scène de Coppola. Je n’oublie pas ces quelques 2h30 à attendre son arrivée, dont le mythe est forgé indirectement, à travers voix sur un magnétophone ou autres exploits militaires. Je n’oublie pas qu’il excelle ici dans ce qu’il sait faire de mieux : le contrôle du silence. Je suis à chaque visionnage pendu à ses lèvres, aux paroles d’un homme « passé de l’autre côté » mais qui malgré tout me fascine. Quand il est à l’écran, il capture l’instant, le fige de toute sa puissance. Le mythe Brando, aussi bien que le mythe Kurtz, est ici source de fascination et d’adoration. Nous passons les 3/4 du film à attendre ce personnage, à en forger la mythologie, et le résultat ne nous déçoit pas du tout, bien au contraire. A l’instar d’un Kevin Spacey dans Seven, son apparition est certes courte, mais mémorable. L’apothéose d’un géant du cinéma, à qui je tire bien bas mon chapeau. Du fond du cœur, merci.
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