Synopsis : Ellison est un auteur de romans policiers inspirés de faits réels. Dans l’espoir d’écrire un nouveau livre à succès, il emménage avec sa famille dans une maison où les anciens propriétaires ont été retrouvés inexplicablement pendus. Ellison y découvre dans le grenier des bobines 8mm contenant les images de meurtres d’autres familles. Qui a filmé ces tueries et pour quelle raison ? Ellison va tenter de répondre à ces questions tandis que le tueur présumé, une entité surnaturelle présente sur les films, menace de plus en plus sa famille.
Alors que s’apprête à sortir Black Phone, la nouvelle production des studios Blumhouse, et dernier film de Scott Derrickson qui ouvrira les festivités dans le cinéma de genre pour le début d’été, revenons sur le quatrième long métrage du réalisateur qui avait déjà signé Hellraiser 5 : Inferno (2000), L’exorcisme d’Emily Rose (2005), et Le Jour où la terre s’arrêta (2008) : Sinister.
Sorti en 2012 dans les salles obscures, avec Ethan Hawke dans le rôle principal, Sinister se penche sur Ellison Oswalt, un écrivain qui, pour renouer avec ses succès passés, emménage avec sa fille dans une maison où une famille fut retrouvée assassinée afin d’écrire un roman sur cette horrible histoire. En partant d’un pitch pareil, il était évident que les frissons seraient au rendez-vous, et effectivement sursauts et hauts-le-cœur sont a prévoir.
Le film s’ouvre sur une introduction dès plus glauques, et Scott Derrickson ne va pas s’arrêter là. Nombreux sont les moments où le spectateur sera confronté, au même titre que notre héros écrivain, à des images sordides. Derrickson pose ici les bases de son cinéma. Une enquête de police, des disparitions mystérieuses et des meurtres, tous ces éléments sont secondaires: le réel intérêt ici est de suivre Ellison dans les retranchements de son enquête, le voir découvrir des éléments tous plus inquiétant les uns que les autres, et se laisser aveugler par son désir de connaître a nouveau le succès. Malheureusement, les mystères trouvent des réponses et pas forcément les plus attendues.
En dehors de son approche sinistre, de son ambiance nocturne et sordide, tant les influences sont visibles (on est pas loin d’un Shining par exemple), le scénario nous offre quelques révélations. Il y a de la générosité dans l’aspect surnaturel, même s’il arrive beaucoup trop tard dans le récit pour qu’il puisse être développé correctement. Une certaine entité rôde subtilement, mais elle fait son effet, et son apparence fantôme risque de hanter nos cauchemars, notamment quand elle apparaît subitement sur l’ordinateur d’Ellison.
Sans compter toutes les apparitions fantomatiques qui rôdent dans la maison, Scott Derrickson a bien compris comment nous effrayer avec originalité. Seul défaut: tout ce qui gravite autour d’Ellison manque de développement, notamment la famille de l’écrivain. Ces derniers sont concernés autant que lui par le danger omniprésent qui règne sur les lieux, mais ils ne sont limités qu’à quelques petites scène. Pourtant le scénario tente de leur laisser de la place. Le fils aîné est victime de terreurs nocturnes, tandis que la fille parle à l’aide de peintures sur le mur. Cependant, encore une fois le film n’a pas le temps de s’attarder sur ces éléments secondaires, et c’est un tort. Voilà ou tout cela pose problème: l’enquête qui doit servir de sujet au nouveau roman d’Ellison ouvre un bon nombre de pistes qui auraient pu rajouter une mythologie ou simplement plus de scènes terrifiantes, mais encore une fois, le film ne prend pas le temps de tout développer. Reste donc Ethan Hawke en proie aux fantômes et aux hallucinations.
Malgré ses défauts, Derrickson a fait de Sinister l’un des meilleurs films d’horreur de ces dix dernières années, de par son ambiance qui ne présage rien de bon, ainsi qu’un Ethan Hawke investi et un dénouement assez inattendu qui fait vraiment froid dans le dos, bien que maladroitement amené dans les dernières minutes par une logique qui tient à peu près la route. Il faut avouer que la fin va a l’encontre de tous les dénouements classiques des films d’horreurs d’aujourd’hui où tout est beaucoup trop prévisible. C’est peut-être aussi pour cette raison que Sinister est marquant, pour son audace. Après tout, c’est aussi à Blumhouse que nous devons l’excellent Insidious (2010), train fantôme entre une dimension maléfique et le monde réel, réalisé par un autre grand nom du genre, James Wan. Insidious faisait également preuve d’un grand savoir faire pour installer une tension et se saisir des peurs primaires de chacun, et établir un univers aux forces obscures. Souvenez vous du dernier plan qui en as fait bondir plus d’un sur son siège.
Preuve en est que le grand manitou du studio, Jason Blum, a toujours su embauché les meilleurs artisans du genre pour aboutir à des productions de qualité qui marquent le public. Sinister est inquiétant, terrifiant du premier au dernier plan, et il est peut-être légèrement mésestimé et sous-côté aujourd’hui. Il est donc urgent de découvrir (ou re-découvrir) cette pépite du genre , avant de se retrouver face à la ridicule suite mise en scène par Ciaran Foy qui ne vaut pas le détour. Restons sur du positif pour le moment.
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