La guerre du Vietnam, une guerre qui s’étala de 1955 à 1975, plus précisément à partir de 1959 pour les Etats-Unis qui rentre en guerre à cette date. Ce conflit majeur s’étale sur une période de vingt ans où le monde et surtout l’Amérique change. Cette guerre, comme de nombreuses autres à eu le droit à son traitement au cinéma. Nous vous proposons une série d’articles faisant office de rétrospective sur la guerre du Vietnam menée par les Etats-Unis au Cinéma.
Cette première partie est consacrée à la période 1959-1976, soit une une phase du cinéma où le conflit était très peu, voire pas du tout traité à Hollywood mais traité d’une autre manière.

Le peuple américain face au Vietnam

Contrairement à ce que l’on peut penser, très peu de films traitent directement du conflit vietnamien lorsque celui-ci est encore en cours. Il existe plusieurs explications à cela. Tout d’abord les années soixante fut un tournant pour le média qu’est la télévision. Bien que la guerre n’est pas retransmise en direct car impossible à l’époque, les nouvelles technologies et la mondialisation font circuler les images beaucoup plus vite. Il n’est donc pas rare que la télévision américaine diffuse des images à peine une semaine après que celle-ci soient filmées. Ainsi le peuple américain est abreuvé quotidiennement d’images plus ou moins horribles.
La guerre s’enlisant de jours en jours et la montée du mouvement hippie créent un profond rejet, plus que d’habitude le besoin de s’évader est présent. C’est pourquoi l’on peut observer durant les décennies de guerre la grande popularité des péplums, des westerns et des films traitant de la Seconde Guerre Mondiale : batailles et guerres que cette fois-ci les Etats-Unis ont gagné (On pourrait y distinguer une certaine propagande).
Face à cela comment réagit Hollywood ? Et bien il ne réagit pas, conscients de l’état d’esprit de la population, produire des films traitant directement du conflit serait un énorme risque financier et pourrait nuire à leur image, les producteurs ne tentent donc pas le diable. Mais il y a une exception.

Les Bérets Vert et la propagande américaine

La seule incursion d’Hollywood dans le conflit vietnamien eu lieu à des fins bien précises. Les Bérets Verts a été réalisé en 1968 par Ray Kellogg et John Wayne, ce dernier l’a également financer. Ce film n’est pas étranger à la situation qui avait lieu au Vietnam en effet au même moment se déroule l’offensive du Têt, bataille majeure de la guerre. John Wayne, connu pour son patriotisme, était outré par la montée du mouvement anti-guerre et a donc voulu faire ce film pour encourager la position pro-militaire. Conscient de l’importance que pouvait avoir ce film pour la suite de la guerre, le gouvernement des Etats-Unis fournit le matériel, avec la pleine coopération du président Lyndon B. Johnson et du Pentagone.
Les Bérets Vert a donc tout du film de propagande, et cela se confirme dès les premières minutes. En effet le film débute par une longue explication de dix minutes sur les raisons de l’intervention américaine au Vietnam. La mise en scène est, elle aussi très orientée. Ainsi nous suivons une unité américaine courageuse et vaillante face à des vietnamiens fourbes et sadiques.
La sortie du film a donné lieu à de vives réactions, il y a eu des manifestations, mais aussi des attentats, notamment en France. La presse jugeait également ce long-métrage mauvais. Malgré cela le film fut un succès commercial. John Wayne attribua ce succès en partie aux critiques négatives de la presse, qu’il considérait comme représentant la critique de la guerre plutôt que celle du film.
Le seul film traitant de la guerre du Vietnam durant celle-ci fut donc une véritable apologie de l’intervention de l’armée américaine

Affiche du film Les Bérets Verts
Des documentaires anti-guerre

Nous avons pu voir qu’un seul film traitait véritablement du conflit vietnamien. Mais si nous penchons du coté des documentaires c’est ici que se déroule la majorité du mouvement pacifiste. Ainsi durant le conflit une multitude de films documentaires apparaissent. L’un des premiers parait en 1967 et se nomme Loin du Vietnam et est co-réalisé par Joris Ivens, William Klein, Claude Lelouch, Agnès Varda, Jean-Luc Godard, Chris Marker et Alain Resnais. Ce collectif impressionnant réalise onze séquences pour exprimer leur opposition au conflit. Plus qu’un simple plaidoyer pour la paix, il l’est aussi pour la lutte des classes, qualifiant cette guerre comme une lutte des riches contre les pauvres et cherchant à mettre les riches devant leurs responsabilités.


Les documentaires les plus marquants et les plus « coup de poing » apparaissent dans la dernière phase de la guerre et feront basculer pour de bon les consciences.
En 1969 sort Vietnam, année du Cochon réalisé par Emile de Antonio, ce film tente d’expliquer les raisons profondes de la guerre au Vietnam et pourquoi les Etats-Unis perdront cette guerre, le tout accompagné par des images d’archives inédites et parfois choquantes.
Ce film sera suivit en 1971 par le documentaire Interviews With My Lai Veterans réalisé par Joseph Strick. Le film apporte des témoignages de cinq soldats à propos du Massacre de Mỹ Lai intervenu en mars 1968 et ayant fait plus de 500 victimes dont beaucoup de femmes et enfants. L’oeuvre offrant une nouvelle vision des troupes américaines sera récompensée par l’Oscar du meilleur court métrage documentaire. Un documentaire similaire est sorti l’année suivante. Nommé Winter Soldier, film non signé, il comporte lui aussi des témoignage mais n’aura pas autant de succès que le film de Joseph Strick. Il sera réhabilité à partir des années 2000 où l’on découvrira enfin la portée majeure qu’avait ce film.

Par la suite deux autres documentaires importants sortent du lot, Le Coeur et L’Esprit de Peter Davis, Oscar du meilleur film documentaire en 1975. Puis Milestone réalisé par Robert Kramer et John Douglas en 1975, axant son sujet sur la société américaine en pleine évolution.

La métaphore comme seule arme ?

Finalement quelle est la seule solution des réalisateurs pour parler de la guerre du Vietnam en contournant la censure d’Hollywood ? Le solution privilégiée fut celle de la métaphore.
L’un des premiers et plus marquants fut The Big Shave de Martin Scorsese. Ce court-métrage réalisé en 1967 met en scène un homme se rasant puis se coupant de plus en plus, des saignements abondant remplisse le lavabo, l’homme ira jusqu’à se trancher la gorge. Ce film symbolise l’autodestruction et critique la guerre du Vietnam qui faisait rage à l’époque. On peut par ailleurs voir apparaître lors du générique la mention Viet’ 67.

The Big Shave de Martin Scorsese (1967)


Nous parlions en première partie des films sur la Seconde Guerre Mondiale très populaire à l’époque, eux aussi ont parfois servit à faire passer un message. Ainsi Les Douze Salopards de Robert Aldrich en 1967 est, d’après son réalisateur, une critique de l’armée américaine. De même pour Johnny s’en va en Guerre de Dalton Trumbo sorti en 1971 qui est un plaidoyer pacifiste qui fait écho à la guerre du Vietnam.

Concernant les westerns on peut citer Little Big Man de Arthur Penn qui prend le parti pris des indiens et envoie un message anti-expansioniste et qui ici fait écho bien entendu à la situation des civils vietnamiens. Les thèmes abordés également dans Les Prairies de l’Honneur réalisé par Andrew V. McLaglen fait également référence au conflit vietnamien.

Nous avons donc pu étudier comment la guerre du Vietnam fut traitée lorsque celle ci était encore en cours. Lorsque la guerre se termina, il y a eut un cours silence, mais une nouvelle ère commence en 1976 avec Taxi Driver de Martin Scorsese. Nous traiterons de cela dans un prochaine article.

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