? Réalisateur : Gus Van Sant (Milk, Elephant)
? Scénaristes : Matt Damon & Ben Affleck
? Casting : Matt Damon (Jason Bourne), Ben Affleck (Pearl Harbor), Robin Williams (Jumanji), Casey Affleck (Gone Baby Gone), Minnie Driver (The Phantom of the Opera)
? Genre : Drame / Romance
? Sortie : 9 janvier 1998 (États-Unis), 4 mars 1998 (France)
Synopsis : Will Hunting est un authentique génie mais également un rebelle aux élans imprévisibles. Il est né dans le quartier populaire de South Boston et a arrêté très tôt ses études, refusant le brillant avenir que pouvait lui procurer son intelligence. Il vit désormais entouré d’une bande de copains et passe son temps dans les bars a chercher la bagarre et à commettre quelques petits délits qui risquent bien de l’envoyer en prison. C’est alors que ses dons prodigieux en mathématiques attirent l’attention du professeur Lambeau, du Massachusetts Institute of Technology.
We get to choose who we let into our weird little worlds.
Sean McGuire
Bouleversant. J’aimerais m’arrêter à ce mot et vous laissez le regarder mais apparemment, je dois en dire un peu plus. Retour sur un film marquant des 90s, doublement oscarisé.
Un ado bagarreur, débrouillard, fauché, surdoué mais surtout craignant de vivre pleinement passe le balai dans une université et déchiffre ce que les étudiants n’arrivent pas à déchiffrer. Tout se chamboule, la vie lui sourit enfin, c’est ce qu’on pourrait penser, c’est ce qu’il pensait aussi. Un mentor, un avenir prometteur, de l’argent, la réussite et puis… Arriva Sean McGuire, un psychologue osant lui tenir tête et surtout l’écouter.
Qui est vraiment Will ?
Will Hunting est un personnage complexe que l’on découvre tout au long du film, qui se livre progressivement. C’est un génie des maths, de la physique, le Einstein des 90s et pourtant, on se rend rapidement compte qu’il ne sait rien et que malgré être une Lumière, il a peur. Provocateur, manipulateur, bavard, tous les stratagèmes sont bons pour garder le contrôle, ne pas se dévoiler. La peur du rejet, de l’abandon, d’être imparfait font de lui ce qu’il est, ce qu’il pense être… Alors il hésite à revoir Skylar, à entretenir une amitié avec Sean, à ce qu’on lui porte de l’attention : être détesté pour ne pas souffrir. Il n’est pas seulement question d’un génie sans argent et voyou dans ce film mais de l’acceptation de soi, de l’ouverture à la vie et aux erreurs. Un fond profond dont la forme ne fait que l’embellir, sans brusquer le regard.
You wasted $150,000 on an education you coulda got for $1.50 in late fees at the public library.
Will Hunting
Une peinture de la société
C’est une critique de la société et un cassage des préjugés que veulent nous transmettre Gus Van Sant, Matt Damon et Ben Affleck. Dans un souci de représenter la réalité, ils balaient l’image du génie en soif de réussite, des gangs sanguins et attardés et des psychiatres neutres et sans implication.
Ce qu’on retient de Good Will Hunting, ce sont ses personnages, leur personnalité, ce qu’ils véhiculent, ce qu’ils croient, leur entièreté, leur franchise. C’est une magnifique représentation de l’Humain, de ce qu’il peut endurer, de la manière dont il peut rebondir et de ses choix, de son droit à l’erreur et au doute. Les relations entre les personnages et toutes leurs difficultés, leurs différences et leurs connexions sont magnifiquement bien représentées.
You’re just a kid, you don’t have the faintest idea what you’re talkin’ about.
Sean McGuire
Le visuel : une opposition symbolique
Good Will Hunting est un film au rythme lent, jouant sur la poésie et le symbolique, nous plongeant progressivement et profondément dans l’univers de Will. Les images ne sont qu’un accompagnement aux dialogues. Ainsi, les visuels ne sont pas agressifs ni sur développés mais pourtant, ils ne sont pas ennuyeux et dénués de sens. En effet, on remarque que Good Will Hunting se coupe en deux gammes chromatiques distinctes, qui ne se mélangent presque jamais. Nous avons donc une dominante froide et une dominante chaude qui se passent le relais tout au long du film.
Cette segmentation des images nous permet d’établir deux types de lieux : les propices et les non-propices. Ainsi, on note que les visuels froids, à tendance bleue ou grisâtre, tel que le bar de Harvard ou encore les bureaux de la NSA, renvoient à l’hostilité. Alors que d’un autre côté, les visuels à dominante chaude, jaune/brun/orange comme l’appartement de Will, celui de Skylar, la maison de Chukie, renvoient à une image chaleureuse, accueillante. Il est alors plus simple, grâce à cette analyse de comprendre le raisonnement et les ressentis de Will : on comprend mieux son univers. On peut également trouver une autre explication à ces choix de couleurs et de séparation de l’espace : le monde populaire, pauvre vs le monde des riches, intellectuels. Ainsi, il s’agirait d’une distinction entre l’univers de Will et celui qu’il côtoie.
Certains lieux évoluent ou sont un mélange de chaud et de froid. Par exemple, l’université est un mixte de ces deux nuances : les casiers sont bleus, les lumières sont froides mais les murs sont chauds. C’est un lieu non-propice pour Will mais pour autant, il arrive à s’y intégrer à sa manière. Dans un autre exemple, le bureau de Lambeau passe de couleurs chaudes à couleurs froides au fur et à mesure de l’évolution de leur relation : la vision de Will est modifiée, il ne perçoit plus son mentor positivement, ainsi le visuel refroidit. L’endroit le plus chaleureux dans ce film, outre l’appartement de Will, est le bureau de Sean. On y remarque des dominances de brun, jaune… et pourtant, la première fois que Will est entré, les couleurs étaient à tendance bleue. Par la suite, l’endroit est devenu propice au protagoniste.
Le ressenti qui se dégage dans ce film est très accueillant, bienveillant, doux. Good Will Hunting représente des gens, des lieux, des relations, des déceptions… dans un écrin évolutif autour du personnage central.
It’s not your fault!
Sean McGuire
La vie dans un film
Good Will Hunting est une métaphore de la vie. En effet, on y retrouve le calme et la paix dans une ambiance générale mais le film est agrémenté de scènes marquantes et significatives comme celles qui jalonnent la vie. Sean et Will se retrouvent dans une forte tension proche de la colère lors de leur dispute au sujet de la femme de Sean. La scène entre Skylar et Will à propos de la Californie est remplie de tristesse et de confusion. On retrouve également des moments forts et des personnes importantes comme les monologues de Sean ou de Chukie. La vie n’est pas facile, on peut échouer, ne pas savoir, être effrayé et tout ceci est représenté avec justesse dans Good Will Hunting. C’est un simple film sur la vie.
The only feeling of real loss is when you love someone more than you love yourself.
Sean McGuire
Le générique de début : portail vers un autre monde
Good Will Hunting démarre par des plans flous, des surimpressions qui ont une esthétique proche de celle des caléidoscopes. Reflétant l’appartement de Will, il est assez simple d’en trouver la symbolique. Ces plans évoquent l’entrée dans un passage, la prise de conscience d’un environnement, la découverte progressive d’une histoire. Grâce à ces mouvements lents, circulaires mais surtout hypnotiques, Gus Van Sant symbolise parfaitement l’entrée du spectateur dans le monde de Will Hunting. Ainsi, tout le film sera perçu du point de vue Will, de son ressenti, de ses expériences et on comprend d’autant mieux la distinction visuelle faite grâce aux couleurs : ce n’est pas un jugement du réalisateur sur la réalité mais la vision que Will Hunting a sur ce qui l’entoure.
You’re afraid of me! You’re afraid that I won’t love you back! f*ck it, I wanna give it a shot! At least I’m honest with you.
Skylar
Le départ de Skylar : un champ contre-champ
Cette séquence témoigne de la justesse et de l’intelligence dans l’utilisation des plans, qui se retrouvent tout au long du film. Gus Van Sant est un adepte des scénarii complexes, des mises en scène épurées et poétiques et Good Will Hunting n’échappe pas à cette patte. Le réalisateur a choisi un procédé technique très connu pour les conversations afin de représenter le départ de Skylar et sa séparation avec Will. Il s’agit du champ contre-champ. Habituellement choisi lorsque les deux protagonistes discutent ensemble, ce procédé permet d’alterner sur les deux visages afin d’être inclus dans la conversation. Cependant, dans cette séquence, il ne s’agit pas de deux visages mais on retrouve tout de même deux protagonistes. Ainsi, Will est assis sur un banc, la tête tournée vers la droite, comme s’il parlait à quelqu’un et de son côté, Skylar part prendre son avion. C’est alors un champ contre-champ entre la vie de Will et la vie de Skylar qui s’opère, assuré par les raccords de direction. Même si cela est impossible, il semblerait que Will regarde le départ de Skylar.
Every day I come by your house and I pick you up. And we go out. We have a few drinks, and a few laughs, and it’s great. But you know what the best part of my day is? For about ten seconds, from when I pull up to the curb and when I get to your door, ’cause I think, maybe I’ll get up there and I’ll knock on the door and you won’t be there. No goodbye. No see you later. No nothing. You just left. I don’t know much, but I know that.
Chuckie
Note
9/10
Matt Damon et Ben Affleck ont écrit un magnifique film sur l’Humain, parfaitement réalisé par Gus Van Sant. Le script est le point fort, sans aucun doute, subtilement mis en scène par des choix poétiques et simples. On voudrait simplement fermer les yeux et apprécier les dialogues, sublimées par des choix musicaux apaisants et envoûtants. Good Will Hunting est aussi beau et déroutant que la vie, qu’il représente avec justesse et émotions.
3 Comments
Jams
Ieri sono andato al cinema con un amico al film, mi è davvero piaciuto, ci sono state risate e momenti in cui c’è stata un’esperienza