MIENTRAS DURE LA GUERRA

 

Quarante-cinq ans après la mort de Franco en 1975, l’Espagne continue de faire exister les fantômes du passé. Lettre à Franco est le dernier long métrage d’Alejandro Amenábar. Ce drame historique est présenté comme le miroir du mouvement politique et social de 1936 avec la dangereuse montée de l’extrême droite au pouvoir.

Lettre à Franco dresse un portrait sombre de cette époque et son histoire est principalement centrée sur les personnages. A travers le regard de son protagoniste, Miguel de Unamuno, le réalisateur met en scène la résistance intellectuelle et morale d’une grande figure de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle. Mais ce personnage est également présenté avec une attitude assez contradictoire, car il a d’abord accueilli la révolution franquiste avant de revenir assez tardivement sur son jugement et de s’opposer à la dictature qui se mettra progressivement en place dans le pays.

« Vous vaincrez mais vous ne convaincrez pas. »

Discours de Miguel de Unamuno en 1936


Le réalisateur nous montre qu’une idéologie peut-être trompeuse, mais également la nécessité de se battre pour ce qui nous semble juste quand on arrive à en prendre conscience. Le film nous présente également le Général Franco alors qu’il n’est pas encore parvenu au pouvoir et le Général José Millán-Astray. Franco est une figure prudente et peu charismatique, alors que le général José Millán-Astray est représenté comme un militaire brutal et impulsif, en total accord avec l’idéologie franquiste.

Ces personnages ont tous un trait de caractère différent, un rôle important dans l’histoire et ce sont eux qui représentent la force et la dynamique de ce film. Pour représenter la personnalité des personnages et ce côté sombre du nouveau régime politique, Alejandro Amenábar a joué sur la lumière et les contrastes. Le Général Franco et le Général José Millan Astray se trouvent souvent dans des endroits assez sombres et en intérieur. Ce qui est tout le contraire pour l’intellectuel Miguel de Unamuno. 

Le Général José Millán-Astray interprété par Eduard Fernandez
© Teresa Isasi

Malgré ces nombreux points forts, on y retrouve quand même quelques lacunes. Tout d’abord, il n’y a aucune scène marquante qui donne du rythme au film et qui montre aux spectateurs le vrai caractère du Général Franco durant sa montée au pouvoir. De plus, le réalisateur ne fait qu’illustrer les faits, il reste à la surface de son histoire sans creuser sur la forme ce qui rend son film assez platonique et lent. L’histoire est également trop centrée sur le destin des personnages et pas assez sur le récit, qui place donc l’histoire de cette guerre civile en second plan. 

Ainsi, malgré le fait que le réalisateur soit resté à la surface de son histoire sans chercher à approfondir, Lettre à Franco est donc un drame historique assez bien construit sur le fond, qui s’appuie sur le destin de deux personnages, le grand écrivain Miguel de Unamuno et le Général Francisco Franco, qui sont au cœur de l’Histoire d’un pays tourmenté. 

Le Général Franco (à gauche) interprété par Santi Prego et un soldat (à droite)
© Teresa Isasi

 

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