Il pleut des cordes. L’unique nuage noir qui s’étend à perte de vue au-dessus des planches déverse des litres sur le Centre International Deauville. Cela ne serait être le signe d’une mauvaise journée, tout de même ! Quoi que…

Exhibiting Forgiveness (Compétition)

On arrive à 10h pour voir Exhibiting Forgiveness, troisième film en compétition. Magnifique générique de début, une bonne blague sur Le Parrain… avant de découvrir (on l’espère) le film le plus soporifique de la compétition. Le film essaie très fort de nous faire pleurer, mais rien ne passe. On regarde béatement l’écran en se demandant ce qu’on va manger après. On retourne (enfin) sous la pluie et, après un rapide déjeuner, c’est là que la météo et la qualité de la journée (d’un point de vue cinématographique) nous sont apparues comme intrinsèquement liées.

André Holland et Andra Day dans Exhibiting Forgiveness © Roadside Attractions
André Holland et Andra Day dans Exhibiting Forgiveness © Roadside Attractions

We Grown Now (Compétition)

C’est un film qui veut faire comme Terrence Malick, mais sur les traces de Candyman et tout cela dans le quartier de Cabrini-Green à Chicago. En résulte un spot publicitaire de 95 minutes, surchargé d’effets et de symboliques incompréhensibles. On ressort (enfin) à nouveau, libéré d’une matinée de compétition désastreuse et là, on se bat contre le déluge. Juste le temps de sortir, de passer la sécurité (il n’y a personne qui attend) et de revenir, on est trempé. Ni Chaînes ni Maîtres a intérêt de valoir le coup…

Blake Cameron James et Gian Knight Ramirez dans We Grown Now © Sony Pictures Classics & Stage 6 Films
Blake Cameron James et Gian Knight Ramirez dans We Grown Now © Sony Pictures Classics & Stage 6 Films

Ni Chaînes Ni Maîtres (Première)

Et voilà Simon Moutaïrou qui vient sauver la journée avec son premier film : Ni Chaînes ni Maîtres. Le réalisateur nous parle longuement de son œuvre et de son contexte, on comprend que c’est un sujet qui lui tient à cœur. Le film le confirme : profondément humain, Ni Chaînes ni Maîtres témoigne d’une tendresse absolue pour ses acteurs et ses personnages. Jamais on ne s’attarde sur l’injustice en elle-même de l’esclavagisme pour, à la place, montrer les esclaves le plus humainement possible. Forcément, l’injustice jaillit automatiquement chez le spectateur et c’est une démarche que j’admire. Scénariste à l’origine, Simon Moutaïrou nous dit que sa partie préférée dans la création de son film a été la direction d’acteurs. Et ça se voit, ils se sont tous lâchés (Anna Thiandoum surtout).

Grâce à Simon Moutaïrou, il s’est arrêté de pleuvoir. Le tapis rouge est encore détrempé, mais on a rangé les parapluies, c’est déjà ça. Déjà ça pour accueillir l’immense réalisateur de Little Odessa, Two Lovers, Armageddon Time et j’en passe : James Gray, dont on a pu assister à l’hommage rendu ce soir avant d’enchaîner avec la projection en avant-première du film d’Eliott Lester : The Thicket.

Benoît Magimel et Ibrahima Mbaye dans Ni chaînes ni maîtres © Studiocanal
Benoît Magimel et Ibrahima Mbaye dans Ni chaînes ni maîtres © Studiocanal

The Thicket (Première)

Juliette Lewis joue une possédée. Ce pitch ne sera hélas pas suffisant pour palier au classicisme redondant du reste. On a déjà vu cette histoire, ces couleurs et ces paysages à Deauville et pas seulement. Le film est relativement maladroit et imprécis dans les astuces qu’il utilise. Cela dit, le film est très cruel face au destin de ses personnages, et cela reste une qualité trop rare dans les films américains récents.

Leslie Grace, Gbenga Akinnagbe, Levon Hawke et Peter Dinklage dans The Thicket © Samuel Goldwyn Films
Leslie Grace, Gbenga Akinnagbe, Levon Hawke et Peter Dinklage dans The Thicket © Samuel Goldwyn Films

On quitte le CID les épaules assez basses, face au premier ventre mou de la semaine. Espérons que la compétition de demain remettra des paillettes dans nos petits yeux…

Auteur/Autrice

Partager l'article :